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Avec « La Garçonnière », qui ressort en salle, Billy Wilder passe à la moulinette l’esprit d’entreprise américain

Que faire le 28 août, alors que l’horizon des vacances se ternit, que les Jeux olympiques sont terminés et que le poste de premier ministre est encore vacant ? Foncer aux Paralympiques ? Sans doute. Mais ça commence à faire beaucoup de sport. On pourrait aussi, si l’on veut rire un peu avant longtemps, accréditer cette brillante idée de programmation qui consiste à présenter, à quelques jours de la rentrée, La Garçonnière, film consacré à un employé de bureau qui ne travaille à rien, sinon à son avancement, qui plus est par des moyens qui ressortissent à la corruption des mœurs.
On ne présente plus, bien sûr, Wilder, ex-assistant du princier Lubitsch devenu quant à lui génie trivial, survolté, licencieux, équarrisseur fou du rêve américain et de la pruderie anglo-saxonne, dont le nombre de chefs-d’œuvre dépassent l’entendement. Assurance sur la mort (1943), Boulevard du crépuscule (1950), Le Gouffre aux chimères (1951), Sept ans de réflexion (1955), Certains l’aiment chaud (1959), Un, deux, trois (1961), Avanti (1972), Spéciale première (1974)… Passez muscade.
Il réalise à mi-carrière, dans ce que l’on considère comme son âge d’or – assertion qui peut largement se discuter –, cette Garçonnière, en 1960. A ses côtés, fidèle au metteur en scène, un autre génie, actoral celui-ci, en la personne de Jack Lemmon. Celui-ci interprète C. C. Baxter, petit employé (au service des primes ordinaires, dix-neuvième étage) d’une compagnie d’assurances new-yorkaise dont le personnel pourrait peupler l’Etat du Mississippi. S’il ne travaille pas, Baxter ne chôme pas non plus. Il s’active à son avancement en louant son appartement à des huiles de la boîte désireux de vivre tranquillement leurs aventures extraconjugales et qui lui promettent, en échange, de le recommander.
Ces messieurs sont d’ailleurs suffisamment nombreux pour que Baxter, érigé petit entrepreneur du cocufiage sécurisé, s’épuise à la tâche. Gestion de la clé, détermination des plages horaires, pieds de grue fréquents le soir venu devant chez lui eu égard à la nature impondérable des activités qui y sont menées, nettoyage des ravages régulièrement causés par les feux de la passion et de l’alcool, ravitaillement régulier des apéritifs. Largement de quoi occuper ses journées de bureau, mais aussi les conversations du couple juif qui partage l’appartement mitoyen, qui ne connaît plus la paix et ne donne pas cher de sa peau au regard du taylorisme sexuel qu’ils lui supposent.
Jusqu’au jour où l’un des big boss, l’odieux et onctueux Sheldrake (Fred MacMurray), averti par un habitué, requiert le même service auprès de Baxter, pour continuer à tromper tranquillement sa femme auprès de la très charmante liftière de l’entreprise (Shirley MacLaine), Fran Kubelik, dont il abuse cyniquement de la crédulité. En vérité, un homme est discrètement mais ardemment amoureux d’elle, et c’est Baxter.
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